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Le Qatar est couvert de bâtiments impressionnants et de structures futuristes conçus par des architectes locaux et de renommée mondiale. Le pays s’est transformé en un centre architectural dynamique et a indubitablement introduit une nouvelle identité.
Ibrahim M. Jaidah, PDG du groupe et architecte en chef de l’Arab Engineering Bureau, nous parle de son travail inspirant et nous dévoile la scène architecturale du Qatar.
Je suis né au Qatar, non loin du Souq Waqif. À l’âge de 11 ou 12 ans, je suis parti dans un pensionnat du Royaume-Uni, puis j’ai étudié aux États-Unis. J’ai été exposé à des cultures diverses depuis mon plus jeune âge. J’ai également beaucoup voyagé avec mes parents, j’ai donc découvert le monde jeune et j’ai ensuite travaillé dans de nombreux endroits, comme en Asie, en Europe, en Afrique et réalisé les ambassades de l’État du Qatar.
Le fait d’être exposé à toutes ces cultures a une valeur inestimable. Cela influence la façon dont vous voyez votre propre culture. Découvrir de nouvelles cultures vous permet d’apprécier davantage la vôtre et de mieux la comprendre, et vous donne la capacité de la transmettre aux visiteurs.
Nous avons tous des origines et des cultures différentes, mais nous pouvons tous nous identifier facilement. Le Qatar est un pays très diversifié qui apprécie les différentes cultures. Le pays sait comment accueillir le monde.
L’Arab Engineering Bureau (AEB) a été le tout premier cabinet à s’établir dans l’État du Qatar. En 1966, le cabinet a obtenu le droit d’exercer. Lorsque je suis revenu d’Amérique dans les années 1990, le cabinet était sur le point de fermer. Je l’ai racheté et, avec mon équipe, nous l’avons fait passer de six personnes à une société de 600 personnes. J’ai maintenant une succursale à Oman et une à Manille.
Nous avons été nominés pour le prix Aga Khan d’architecture, un prix très prestigieux ; c’était un grand honneur. Nous avons remporté le prix de l’Organisation des villes arabes ainsi que le prix de l’Organisation des capitales et villes islamiques. Le cabinet a également reçu de nombreuses autres distinctions dans la région.
Quelle que soit leur taille, tous les projets ont une place spéciale dans mon cœur, même les plus petits. L’un de mes projets les plus marquants est celui de la tour Al Barzan à West Bay, où j’ai mélangé des éléments modernes et traditionnels. Ce bâtiment a suscité beaucoup d’attention, car il s’agissait de l’un des premiers de West Bay. Parmi les autres réalisations, citons l’Al Sharq Village & Spa que nous avons transformé en un complexe hôtelier cinq étoiles opérationnel, le ministère de l’Intérieur, un bâtiment emblématique, et la restauration de la Doha Fire Station.
C’est un voyage fantastique et chaque bâtiment raconte une histoire. Quand je les vois, je me souviens de tout, des défis, de leur histoire.
Le processus commence par l’enthousiasme du client. Je lui laisse expliquer ce qu’il a en tête. Vous devez comprendre ce dont il a besoin. Ensuite, l’inspiration vient du site lui-même ; s’agit-il d’un projet dans le désert ? Ou en centre-ville ?
Suite à cela, il faut faire des recherches approfondies et un brainstorming avec l’équipe. Ce que nous visons toujours, c’est de trouver des idées qui créent un ressenti. Nous ne voulons pas créer une « boîte » qui répond seulement à l’objectif. Une fois que nous avons raconté notre histoire au client, le voyage commence. Les étapes suivantes consistent à s’occuper de l’ingénierie et de toutes les procédures mécaniques ; tout doit être mis en place. Mais c’est formidable de voir toutes ces personnes et ces différentes équipes travailler ensemble à la réalisation d’une même vision.
L’environnement en lui-même m’inspire beaucoup. Le défi que le client vous donne, l’histoire que vous souhaitez raconter, la compétition… c’est l’esprit de notre travail ! Avez-vous déjà remarqué que certains bâtiments sont juste « froids », sans âme ? C’est quelque chose que l’on ressent parfois. Nous essayons de leur apporter de la chaleur, de l’énergie.
Une autre grande source d’inspiration, ce sont les personnes que je rencontre. Vous apprenez à les connaître et vous devez les comprendre en profondeur pour répondre à leurs besoins. Par exemple, à chaque fois que je travaille sur une ambassade, je dois tout d’abord comprendre la culture de la nation ; c’est très inspirant.
J’ai eu la chance de pouvoir concourir parmi des équipes du monde entier pour ce projet fantastique. Les recherches que j’ai dû faire, la sélection des motifs, le travail autour de la décoration intérieure... c’était fascinant. Nous avons travaillé avec des consultants du monde entier, et ce fut un beau voyage, un parcours passionnant ! Je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti le jour de l’inauguration.
Revenons en arrière. Lorsque j’ai lancé mon cabinet, les gens n’avaient pas l’habitude de voir des habitants de la région travailler sur des projets d’architecture et de design. Ils avaient l’habitude de traiter avec des architectes du monde entier, mais pas du Qatar. Il m’a fallu quelques années pour prouver que je pouvais être aussi bon que les autres architectes, voire meilleur, et que je pouvais également comprendre la culture locale.
Un autre défi a été de diriger une entreprise qui réussit. Vous pouvez être très créatif pour vos conceptions, mais diriger une entreprise, c’est une autre histoire. Il faut faire du profit, payer les factures, satisfaire les gens. Il faut garder l’équilibre entre l’approche émotionnelle et l’approche commerciale.
Le plus grand défi ici, c’est d’utiliser les nouvelles technologies avec intelligence. De comprendre chaque environnement et d’intégrer les bonnes technologies.
Le développement durable est fondamental et le Qatar a beaucoup progressé dans cette direction. Tous nos stades sont durables, la consommation d’eau y est 40 % inférieure à n’importe quel autre stade. En tant que fondateur du Qatar Green Council, je dois dire que nous devons faire très attention à notre façon de traiter l’environnement. Notre priorité devrait être de le protéger. Le Qatar a mis en place d’importantes mesures à cet égard, par rapport aux matériaux à utiliser, et il existe de bonnes mesures d’incitation lorsqu’un bâtiment est écologique.
« Nous devons tous protéger nos enfants et la prochaine génération »
Le Qatar est devenu un formidable centre architectural présentant des œuvres d’art telles que ses stades, The Pearl, ses musées ou Msheireb Downtown. Il introduit un nouveau langage architectural ! Je suis convaincu que les étudiants en architecture et en design peuvent venir ici et effectuer une visite ; notre ville est en train de laisser son empreinte dans ce domaine.
Le pays développe beaucoup l’urbanisme. Toutes les entités œuvrent à faire de Doha une ville piétonne et dotée de pistes cyclables.
J’adore la mer et j’adore me rendre sur les îles. Mes lieux incontournables sont Al Safliya, l’île en face de West Bay, et Al Aaliya en face de Lusail. J’aime beaucoup y passer la nuit et admirer la ville le soir. Sur Al Aaliya, on peut également observer la migration des flamants roses. J’aime aussi aller dans le désert.
Je me souviens que notre maison se trouvait près de l’Amiri Diwan et la vie était si simple à cette époque. Les week-ends, nous allions jouer et cueillir des fruits dans les jardins.
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